lundi 8 décembre 2014

Synopsis



Alors c'est l'histoire d'un projet d'installation dans un petit village de moins de 1500 habitants, au milieu d'un vaste territoire rural où les 3 médecins en activité ont plus de 65 ans.

Histoire drôle ?
Il est vrai que dans le contexte actuel, commencer à raconter ça pourrait faire croire à une blague.

Dans le coin (c-à-d une bonne moitié du département) la démographie médicale n'est guère mieux : même la sous-préfecture à 25 km possède la majorité de ses médecins âgés de plus de 60 ans, et le reste de la campagne environnante est dans la même tendance, certains départs comblés par l'arrivée de médecins étrangers (seront-ils pérennes, dans des conditions difficiles ou un médecin français ne s'installerai jamais, difficile à dire...), d'autres non comblés.

Histoire tragique ?
Surement encore une histoire de désert médical grandissant, le drame classique dont la presse nous abreuve...

Bon, il y a quand même deux médecins qui se sont installées en création dans un village proche. Et de même de l'autre côté de la sous-préfecture, un collaborateur libéral à mi-temps. Ils semblent heureux, et très motivés (et motivants) à changer ce cercle vicieux de désertification en un cercle vertueux d'installation !

Histoire impossible ?
Le genre d'histoire ou personne ne croit à l'optimisme des protagonistes au début...

Et bien un couple d'interne en médecine générale décide d'y emménager avant la fin de leur internat, pour fuir les embouteillages de la grande ville du CHU, et commencer à repérer la région pour s'installer. Ils se plaisent bien dans ce village (certes petit, mais avec tout ce qu'il faut : commerces, vie associative, maternelle, école, collège, poste...), et entrent en contact avec les médecins et élus locaux, qui leur proposent de lancer un projet de pôle de santé pluriprofessionnel. Ils se marièrent... 

Histoire romantique à l'eau de rose ?
(non, là on s'égare ;-)

... et convièrent à leur mariage un autre couple d'amis internes en médecine générale, pas vu depuis un moment car parti faire son internat dans une autre région. Il se trouve que ce couple cherchait justement à s’installer au sud de la grande ville de leur CHU d'origine, à maximum une heure de celle-ci, mais en rural. Ben banco, les voilà bienvenus dans l'aventure ! Un des anciens médecins veut continuer l'aventure avec eux, et se joignent au projet plein d'autres personnes dynamiques : les infirmières, les pharmaciens, une sage-femme du village voisin, kinés, structures médico-sociales... ; on obtient le soutien des élus, de l'Agence Régionale de Santé, du Département Universitaire de Médecine Générale, de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé, et bien d'autres...
Le tout accouchant d'une maison de santé au sein d'un pôle multisite, qui attire du monde : diététicienne, psychologues, podologue, et même orthophonistes (alors qu'en gros déficit dans la région).

Épopée fantastique ?
Pourtant, nulle fiction ici, si si, c'est bien vrai.

L'aventure est lancée. Le rêve. Pour les professionnels : la garantie de travailler dans de bonnes conditions, conforme à leur vision idéale de la médecine, mais aussi pour la population, qui peut être rassurée quant à l'avenir de leur prise en charge médicale, et pour les élus, locaux ou régionaux, qui peuvent se targuer d'aider un tel projet !
Pour autant, cette trame idyllique ne se déroule pas sans anicroche. C'est malgré tous ces éléments favorables un parcours de longue haleine. Arriver à mettre tout ce beau monde - certes déjà d'accord sur le fond - d'accord sur la forme (ou au moins trouver un consensus) malgré des visions très différentes des choses, se lancer dans un projet de construction et toutes les complications associées, de recherche de subventions, discuter de la (ré?)organisation de tout le système local tant sur le plan sanitaire qu'administratif, et plus précisément des outils de coordination (logiciel commun, téléphonie, structure juridique, loyer/charges, secrétariat... [liste non exhaustive... but exhausting!]), gérer les départs à la retraite des uns et les installations des autres, le tout ne coïncidant pas forcément avec l'ouverture de la maison de santé, dont la date elle-même à ce jour n'est pas clairement définie, ni le volet financier bétonné...

Bref, ce n'est pas une simple et courte histoire.
Ça ne tiendra pas dans un film. Dans une série à la limite... et bien ça tombe bien, car c'est une histoire continue, avec pas mal de rebondissements, et encore loin d'être réglée !

A l'heure actuelle, je ne suis même pas sûr à 100% à ce jour que le projet aboutira. C'est beaucoup de travail, avec parfois des événements franchement décourageants. Mais l'histoire est plutôt belle, non ? Ça vaut quand même le coup de se battre.
C'est un beau pied de nez aux "les jeunes y veulent pas s'installer", ou autres "les médecins y z'aiment pas la campagne" qu'on nous coltine. On veut bien s'installer, y compris en campagne, si les conditions sont bonnes. Mais parfois, c'est à nous de mettre notre grain de sel pour les optimiser !
Même si dans le contexte actuel, s'installer c'est un peu le combat de Bisounours contre Alien dans la MaisonQuiRendFou, je serai un bisounours battant :-)

Tout cela me laisse donc beaucoup de sujets à discuter et d'histoires à vous raconter...

Alors il y a plein de places, installez-vous confortablement (puisque c'est le sujet du blog ;-), et profitez du spectacle !

PS : et n'hésitez pas à y participer :-)

dimanche 30 novembre 2014

Installation... du blog !



Faut bien se lancer.

-allez, une introduction au blog, c'est banal, mais ça sera pas forcément
de trop pour annoncer la couleur et un peu me présenter-



Pourquoi écrire un nouveau blog médical ?


C'est vrai, y'en a déjà beaucoup. Puis qui racontent vachement mieux des histoires que j'ai l'habitude de le faire.

Pas la peine de parler (que) de la médecine générale en général, pour ça, y'en a déjà des tas qui font ça très bien. Des bien connus qui m'ont fait apercevoir avant mon internat le visage de cette médecine non apprise à la fac qu'est la MG (Dupagne, Borée, Winckler, Jaddo...), d'autres que j'ai découvert ensuite (liste trop longue pour être développée entièrement). Pas la peine de parler internat de médecin générale et tout ce qui va avec, c'est déjà (très bien) fait (avec une vision des choses que je partage). Ma vision des choses se retrouve aussi dans certains blogs dans lesquels je reconnais parfois mes idéaux et mes doutes, certains articles ou je retrouve mon côté optimiste activiste pour sauver la MG, alors même que j'adhère à l'analyse triste de notre système de santé relatée par d'autres. Même des expériences burlesques très similaires à celles que j'ai pu connaitre lors de stages/remplacements/pré-installation sont déjà racontés avec beaucoup d'humour :-)
(d'ailleurs bien dommage que ce blog n'ai pas continué, on attend toujours la suite de la pré-installation...)

Bref, pas la peine de galérer en cherchant à créer, suffit de relayer de temps en temps un article des blogs sus-cités (et de bien d'autres) pour exprimer ma vision des choses.

Être lecteur-relayeur quand tout est déjà si bien raconté, c'était bien confortable. Pas remplacer l'existant, juste balancer de temps en temps des salves de 140 caractères sur Twitter pour ajouter ma petite touche me suffisait amplement.


Et pourtant, c'est en étant confronté aux limites de cette solution fainéante que j'ai trouvé une motivation pour me bouger un peu, et parler d'un sujet à mon goût pas assez développé sur la blogo-twittosphère médicale.

Quand je vois tant de médecins généralistes, même parmi mes mentors, déplaquer, dire aux jeunes de ne pas s'installer, ça nous désole, mes 140 caractères et moi.

Moi je veux m'installer malgré tout, mais difficile de contrer le désespoir entraîné par ces paroles fortes d'un si petit revers de clavier.
Quand je vois pleins de jeunes MG dire qu'ils ne s'installeront jamais parce qu'à l'heure actuelle vaut mieux être remplaçant ou salarié à l’hôpital, ça me désole.
Le métier de praticien hospitalier ou remplaçant en médecine générale étant pour moi tout à fait différent de celui de médecin 'traitant' généraliste installé. Et à mes yeux bien moins passionnant.
Même si je dois m'installer dans de mauvaises conditions, je serai bien content de faire le métier que j'aime, quitte à me battre en permanence (contre des moulins peut-être) pour tenter d'améliorer les dîtes conditions de mes semblables.
Après tout, je lisais en première année de médecine "Voyage au bout de la nuit" de Céline, et je trouvais le métier de toubib qui y est décrit magnifique... donc il m'en faudra beaucoup pour me décourager ;-)

Mais des discussions sur Twitter est aussi venu l'espoir :
-Quelques jeunes installés rencontrés sur Twitter et/ou IRL confirmant que le métier de MG installé est bien plus intéressant. Peu le racontent en détail, beaucoup se limitent à quelques tweets. Mais en version longue, peu d'expériences, ou alors blogué avec circonspection (et sans la suite), ou avec le déplaquage qui démange dans plusieurs articles...
-Quelques uns qui franchissent le pas en même temps que moi et se soutiennent, et même qui sont aidés dans leurs démarches par des un peu moins optimistes apportant leur expérience.
-Des personnes qui déconseillaient l'installation au risque d'entretenir le système, et qui maintenant sont dans des démarches créatives pro-installation.
-Une dynamique impressionnante se dégageant d'un congrès sur notre profession pleins de jeunes médecins et d'universitaires (allant à contre courant de l'abandon qu'adoptent tant de MG fatigués).
Manquerait juste que tous les motivés de la FFMPS s'inscrivent et tweetent en masse et ce serait parfait :-)

Et bien un peu d'optimisme dans le contexte actuel je trouve ça cool !
Bon, optimisme certes modéré, au vu du système actuel peu favorable (administration de plus en plus lourde (et les réformes annoncées ne vont pas dans le sens d'une réassurance), démographie médicale catastrophique, profession relativement dévalorisée au yeux de beaucoup)...

Mais encore une fois je pense qu'il faut avancer en luttant.
Et je suis persuadé que malgré tout, on peut encore à l'heure actuelle s'installer pour faire de la bonne médecine générale, en aimant ce qu'on fait, sans burn-out systématique.
C'est ce que je vais essayer de faire. Et je ne suis pas le seul.
C'est certes un combat contre le sens du vent, c'est pas du tout cuit.
Mais c'est possible !

Et pour le prouver, je pense que le mieux est d'en parler. Et comme 140 caractères ça fait un peu juste, et bien j'ai voulu créer un blog parlant installation, voici !

Donc j'ai ouvert ce blog pour discuter de l'installation en médecine générale !

Et puis aussi de temps en temps d'autres sujets, liées de près ou de loin à ce thème (exemple : démographie médicale, formation universitaire, actualité/réformes...). Et pourquoi pas de temps en temps de choses sans rapport, faut se détendre des fois :-)

Attention, j'ai bien écrit dans la phrase en gros et gras ci-dessus "discuter" ! Par là je veux dire que je ne souhaite pas faire du mono(b)logue, discussion et interactions sont attendues :-)

Et pas forcément que sous la forme de commentaires, toute expérience étant bonne à prendre face à la grande inconnue qu'est l'installation, si vous voulez faire un article sur votre installation passée, présente ou future, qu'elle se soit bien ou mal passé, vous êtes les bienvenus ici :-)

(nan, puis ça m'arrange car je me connais, je suis lent et féniant, je vais pas forcément écrire assez souvent pour faire vivre le blog)



Allez, fini d'introduire, va falloir entrer dans le vif du sujet, et que je m'attelle à écrire à propos de mon projet d'installation en rural dans un village comportant à l'heure actuelle 3 médecins âgés de plus de 65 ans. Ça fait rêver, hein ? ;-)


La suite au prochain épisode.


Fluctuat nec mergitur

Continuer malgré tout. renaître ? Muse - New Born - The Origin of Symmetry Un peu de musique stimulante ne fait pas de mal ;-) C...